REJOINS-NOUS


POURQUOI LUTTER ?

 

On sait ce qui se passe.

On sait ce qui nous est offert.

Vivre à genoux.

La tête dans le sable. Pas d'angoisses, pas d'humiliations, et pas de gaz lacrymogène. Voilà où nous en sommes. En face de tout ça, paralysés, ne travaillant que pour “s'en sortir”, noyés par le braillement continuel d'un monde hypnotisé par l'image de sa propre perte. On laisse nos vies nous échapper, comme si rien ne nous appartenait.

Alors que nos droits sont progressivement supprimés, que la crise politique et sociale s’aggrave, que les dirigeants sont de plus en plus coupés du peuple, que les richesses sont concentrées dans une partie minuscule de l’humanité, le désastre environnemental, l'explosion des inégalités sociales , la misère galopante , les ravages de l’industrie ,Le naufrage de la politique, l’arrogance des puissants , la vulgarité des riches ,l’exploitation nue, le Chômage en constante augmentation, les partis politiques ne défendant que leurs propres intérêts, progression constante de l’extrême droite sur l’échiquier politique, banalisation des discours nationalistes, xénophobes, LGBTIQ-phobes et réactionnaires, réaffirmation de la présence dans les rues de groupuscules néo-fascistes, renforcement de l’aspect sécuritaire, militarisation de la police, accentuation de la répression et des violences policières dans les quartiers populaires ou lors de rassemblements et manifestations, renforcement de la lutte contre l’immigration (expulsions de squat, opération Mos Maiorum, opération Triton, etc.), situation écologique plus qu’alarmante . Cette liste non exhaustive n’est qu’un bref aperçu de la situation actuelle.

 

Une chose est à présent certaine : dans le monde capitaliste, notre situation ne pourra aller qu’en empirant. Tout ce qui était considéré comme un « acquis social » est à présent susceptible d’être remis en cause. La raison n’en est pas une mauvaise gestion de l’économie, un excès de cupidité du patronat ou un manque de régulation de la finance internationale, mais tout simplement l’effet inévitable de l’évolution mondiale du capitalisme. Le niveau des rémunérations, l’accès à l’emploi, les retraites, les services publics et les aides sociales sont affectés, chacun à leur niveau, par cette évolution : ce qui était accordé jusque-là ne l’est plus, et demain le sera moins encore. Dans tous les domaines le processus est le même : la nouvelle réforme reprend l’offensive au point où la réforme précédente s’était arrêtée. Cette dynamique ne s’inverse jamais, même quand on passe de la « crise économique » à la prospérité. Entamée après la grande crise des années 1970, elle s’est poursuivie après le retour de la croissance dans les années 1990 et 2000. Dès lors, il paraît bien difficile d’imaginer que les choses pourraient aller mieux, même dans le cas d’une bien improbable « sortie de crise » après le choc financier de 2008.

 

QUI SOMMES NOUS ?

 

Est-ce que vous voulez voir à quoi res­sem­blent nos visa­ges quand ils ne sont pas mas­qués par des fou­lards, des cas­ques ou des cagou­les ?

Ce sont les mêmes visa­ges qui paient un loyer pour vos appar­te­ments pour­ris, les visa­ges de ceux à qui vous offrez des stages non rému­né­rés ou des jobs à plein temps pour 1000 euros. Ce sont les visa­ges qui paient des mil­liers d’euros pour assis­ter à vos cours. Ce sont les visa­ges des gamins que vous frap­pez quand vous les chopez avec un peu d’herbe dans leurs poches. Ce sont les visa­ges de celles et ceux qui doi­vent s’enfuir du bus quand les contrô­leurs appa­rais­sent, ne pou­vant pas se payer le voyage.

Ce sont les gens qui cui­si­nent vos faux-filets à point dans les res­tau­rants chics, et reçoi­vent pour ça 60 euros la soirée, au black. Ce sont celles et ceux qui vous pré­pa­rent vos cafés serrés à Starbucks. Ce sont ceux qui sillonnent vos rues à vélo toute la nuit pour uber ou delivroo. Ce sont ceux qui vous servent vos hamburgers au Mcdo. Ce sont ceux qui achè­tent de la nour­ri­ture à Lidl par­ce ­que celle des autres super­mar­chés est trop chère. Ceux qui ani­ment vos camps de vacan­ces pour 600 euros par mois, ceux qui rangent les étalages des magasins où vous achetez vos légumes bios. Ce sont ceux à qui la précarité bouffe toute l’énergie vitale, ceux qui ont une vie de merde, mais ont décidé qu’ils en avaient assez d’accep­ter tout ça.

Nous fai­sons partie d’une génération, qui, pour un jour, a arrêté de s’empoi­son­ner le sang avec la névrose d’une vie passée dans la précarité, et qui a soutenu les émeutes. Nous sommes le futur que vous devez écouter, et la seule partie saine d’une société cou­verte de métas­ta­ses. Ce qu’il est en train de se passer en France, Espagne, Grèce et partout à travers le monde est d’une impor­tance his­to­ri­que. Des places rem­plies à cra­quer de gens explosent de joie quand les cars de police prennent feu. Notre exis­tence même est dans ces cris : l’exis­tence de celles et ceux qui ne peuvent pas croire que des gou­ver­ne­ments élus se retour­ne­raient contre leurs citoyens et leur feraient payer des dizai­nes d’années d’erreurs com­mi­ses par le sec­teur finan­cier et les mul­ti­na­tio­na­les ; l’exis­tence de ceux qui main­te­nant com­men­cent à penser que tous ensem­ble nous pou­vons com­men­cer à leur faire peur. Ces excla­ma­tions étaient furieu­ses et joyeu­ses, explo­sant depuis la partie saine de la société, pen­dant que celle empoi­son­née se cachait dans la Chambre des Députés.

Les voyous, casseurs, Black Blocs ont encore frappé. Vous feriez mieux de regar­der autour de vous main­te­nant. Des rumeurs disent que vous pour­riez en ren­contrer cer­tains pen­dant vos cours, à la biblio­thè­que, à la machine à café, au pub, sur la plage, voire même dans le bus.

 

COMMENT S’ORGANISER ?

 

Faute de grand mouvement populaire, le vote est inutile, et même dangereux: il pousse à considérer qu’on peut faire de la politique en mettant un bout de papier dans une boîte une fois tous les cinq ans. Le vote sert à limiter la frustration des masses et à diluer leur voix, et permet au système en place de survivre un peu plus longtemps. Pourtant, ne rien faire serait la pire solution: au contraire il est nécessaire d’agir, et de s’organiser autour de structures capables de mener à un changement radical de société. La désobéissance civile est une forme particulière d’action directe qui implique de ne pas respecter une loi volontairement parce que cette loi est injuste – par exemple, refuser de payer des impôts qui financeraient une guerre, ou refuser de se plier aux lois anti-immigration. En pareilles circonstances, l’objectif, c’est de ne pas respecter la loi. Avec d’autres formes d’action directe, on peut ne pas respecter les lois, mais ce n’est pas l’enjeu pour autant.

Tout ce que nous tenons pour acquis : week-end, droits des personnes homosexuelles, porter un pantalon pour une femme, de droit de faire grève ou de créer un syndicat, l’abolition de l’esclavage. Tout a été gagné par la désobéissance, par le combat de personnes qui ont refusé et résisté, regagné du pouvoir sur ceux qui le détiennent. Leur désobéissance fut un don au futur.Tout forme de rebellion connue, des manifestations aux blocages, des barricades aux boycotts, des occupations d’usines aux fêtes de rues, des actions à la super-glue aux camps climat en passant par les squats, les tute bianche, les black bloc, les invasions de conseil d'administration ... tout a été inventé, rêvé et conçu. Et le plus souvent par un petit groupe de gens riant et conspirant ensemble ; s’ingéniant à fabriquer l’art de la résistance.La solidarité au sein du groupe est aussi un élément essentiel. On peut aussi trouver que certaines formes de déobéissance ou certains actes ne nous correspondent pas et fonctionner ensemble, se répartir en fonction des envies de chacun. C'est la diversité des pratiques qui est dans une mobilisation une des clés de la réussite.

 

UNE RÉSOLUTION

 

Chaque fibre du monde, chaque étincelle, chaque reste de dignité appelle à la révolution, à une pause dans ce chemin catastrophique. Pour un futur autant que pour faire justice. Depuis la crise de 2008, nous nous sommes retrouvés dans des places, des parcs, des rues, où, pour un instant, nous pouvions respirer. Ou au moins reprendre notre souffle. Dans ces grandes explosions de dignité et de rage nous avons saisi notre valeur, nos pouvoirs, nos droits, une vie pleine de sens, d'intelligence, et de courage – loin de la bêtise et du cynisme qui définissent habituellement les choses. Ces moments nous ont montrés ce dont nous sommes capables. Nous sommes capables de devenir des héros, de répondre à nos propres questions. Mais ils nous ont montrés aussi qu'il nous reste beaucoup à faire. Même nos occupations, émeutes et blocages du Caire à New York ne nous ont pas permis de faire face à notre situation. Les émeutes ne laissent pas de trace. Des nouveaux gouvernements remplacent ceux juste renversés, et à chaque fois ils font tout pour maintenir leur pouvoir vacillant, pour nous garder en otage d'un mode de vie qui nous anéantit, incapables d'imaginer autre chose qu'un monde de ruines. Si nous respectons nous-mêmes, si nous respectons le monde, il est temps de nous organiser. Ça ne va pas juste “aller”, et ce n'est pas juste “Et toi qu'est-ce tu vas faire ?”

Il est urgent qu'une nouvelle force historique se dresse.

Maintenant.

Cette force doit faire deux choses :

Un – remplacer les formes de vies agonisantes que nous connaissons par de nouvelles.

Deux – combattre et gagner. On ne peut pas simplement résister à ce mode de vie, on doit créer la capacité de le dépasser.

Ouvrir un futur qui nous correspond. C'est à dire s'organiser localement et regionalement pour la survie, la défense, le pouvoir. Se retrouver et réunir nos capacités à l'échelle mondiale. S'étendre et grandir. Des abris, de l'eau. Du feu, de la nourriture. Communication et coordination. Force et courage. Loyauté et amour. Ce que nous devons créer pour nous-mêmes est ce qu'ils n'auront jamais :une raison de se battre, un futur en lequel nous croyons. Nous avons besoin de stratèges, visionnaires, paysans, combattants, bricoleurs, et héros en tout genre. Nous sommes le véritable pouvoir sur cette Terre. Nous sommes les constructeurs du monde.

Il en fut toujours ainsi. Nous n'avons jamais craint la ruine. Debout ensemble. Le vent se lève, la glace fond. Nous voyons le présent qui nous est volé, le futur qui nous est destiné. Nous ne pouvons plus rebrousser chemin. Dans l'obscurité grandissante, dessinons une nouvelle lumière.

Pour la liberté.

Pour la Terre.

Pour nous.

Pour les générations future.

Notre histoire commence maintenant.

Vous n'êtes pas seul.