Paris - De la destruction du Code du Travail à la fin de l'Etat de droit. Le rapport de force s'organise.

Retour sur la manifestation du 12 septembre à Paris

Ce 12 septembre 2017, de nouvelles manifestations se sont déroulées à travers toute la France (Paris, Lyon, Marseille, Nantes, Lille,...) contre la politique du président Macron et de son gouvernement. Une mobilisation de rentrée à laquelle 400.000 personnes ont pris part pour s'opposer à sa politique par ordonnances et à sa réforme, ou plutôt sa casse, du Code du Travail. Après seulement trois mois à la tête de l'Etat français, le président dont l'ensemble des médias a tenté de légitimer son accession au pouvoir malgré une abstention record , ne cesse de reculer dans les sondages d'opinions, pour n'obtenir que 30%* d'opinions favorables. Son premier ministre, Edouard Philippe ne convainc guère plus avec 32%*.

Cette destruction du Code du Travail prévoit différentes choses dont l'annualisation du temps de travail, l'augmentation de la flexibilité, une simplification des licenciements,... Un ensemble de mesures favorable à l'économie des entreprises privées, d'autant plus que cette réforme prévoit aussi une libéralisation encore plus forte dans de nombreux secteurs d'activité, notamment en matière de mobilité, d'énergie, de métiers de droit. Cela ne peut que rappeler ce qui se passe dans notre petite Belgique avec les attaques de la loi Peeters issue du gouvernement Michel contre les conditions de travail.

Néanmoins, ces attaques contre le droit du travail n'est pas la seul source de velléité contre le président français et son gouvernement. La résolution de poursuivre et de rendre permanent -en faisant passer les mesures d'exceptions dans le droit commun- l'état d'urgence passe difficilement, cela permettrait de normaliser, sur base d'appréciation arbitraire, le contrôle voire la fin de nombreuses libertés individuelles, ce qui représente une volonté claire de remettre en cause l'état de droit, probablement dans l'objectif de mater la forte résistance sociale qui s'annonce lors de ce mandat présidentiel.

Rappelons que le président Macron a déjà passé un appel d'offre de plus de 20 millions d'euros afin de fournir aux agents de la répression d'état de l'équipement de maintien de l'ordre pour les quatre prochaines années, de quoi garantir aux citoyen.ne.s français.es que les mesures prises s'annoncent déjà impopulaires et de montrer toute leur détermination à les imposer par force. Le mandat du président Macron ne s'annonce ni social, ni orienté vers un dialogue qui prendrait en compte les besoins et les attentes des Français.es.


C'est donc dans ce contexte politique difficile que ce sont déroulées ces manifestations de rentrée dans l'ensemble de la France (60.000 personnes à Paris, 60.000 à Marseille, 10.000 à Rennes, 16.000 à Toulouse, 12.000 à Bordeaux, 10.000 à Lille,...). A Paris, le cortège était diversifié, on y retrouvait les syndicats, les forains, des sorcières(Bloc anarcha-feministe), de nombreuses organisations féministes, des lycéens,... 

Pourtant, ce sont les 10.000 personnes issues du Front Social (autonomes, féministes autonomes, anarchistes, anarcho-syndicalistes, Comité d'action inter-lycéen,...) présentes dans le cortège de tête qui ont été les plus combatives à la fois contre le système capitaliste et son omniprésence dans nos rue au travers les banques, pubs, et magasins de luxe... et à la fois contre la répression d'état et des pelotons de policiers déterminés à mater la contestation sociale, notamment à l'approche de la place d'Italie où les manifestants ont été pris en étaux sous les attaques de la police. Il apparaît très clair que la police avait pour objectif d'imposer                                                                                                                          sa loi par la force (lacrymos, grenades de                                                                                                                                    désencerclement, autopompes,...).

Devant cette manifestation de violences policières, le cortège de tête a répliqué par des jets de projectiles, les obligeant de se replier à plusieurs reprises. Il est encore difficile d'estimer le nombre de personnes arrêtées ou blessées par la police, bien qu'une dizaine d'interpellations ont eu lieu. En marge du dispositif policier habituel, il est important de noter que de nombreuses caméras de surveillance ont été observées chez des particuliers tout au long du parcours de la manifestation, ce mode de fonctionnement ne peut que renforcer les craintes concernant les atteintes à l'état de droit, aux droits de se rassembler et de manifester et aux libertés individuelles. Ces collaborations avec l'état policier inquiètent

fortement quant à l'avenir réservé à tou.te.s celles et ceux qui choisiront de s'opposer à ce totalitarisme marchand.

Un bilan positif pour cette rentrée sociale où la répression étatique fut tenue en échec, certains parlant d'une débâcle totale devant des manifestants refusant de reculer, refusant de sacrifier leurs convictions sur l'autel de la violence policière. En France, la motivation est bien là et tous sont conscients qu'il est désormais important de poursuivre sur cette lancée, de continuer à renforcer le Front Social et de ne rien lâcher. De nouvelles mobilisations sont prévues pour le 21 septembre 2017 à la veille de la présentation des ordonnances réformant le Code du Travail en Conseil des ministres.

 

 

 

 

* Sondage YouGov réalisé en ligne du 28 au 29 août auprès d'un échantillon de 1003 personnes représentatif de la population, selon la méthode des quotas. 

 

 

Action Autonome Liège 

 

 

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